Seize heures pour deux photographies

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A l’heure des smartphones il est difficile d’imaginer que l’on puisse passer cinq heures pour réaliser une photographie. Un clic sur l’application, un filtre cosmétique et hop, votre image est en ligne.

En photographie classique, avec un appareil photo numérique hybride ou reflex, cela prend déjà plus de temps si vous réalisez des images en mode natif. Après un bref clic clac Kodak vous devez rentrer à la maison, glisser la carte mémoire dans l’ordinateur et traiter l’image sur un logiciel avant enfin de la publier.

En astro photo c’est encore plus compliqué. Tout d’abord il est nécessaire de se rendre sur un site éloigné de la pollution atmosphérique et lumineuse, pour moi le Champ du Feu à environ une heure de route. Il faut ensuite installer l’instrument sur site, brancher l’ordinateur, fixer l’appareil photo, réaliser l’alignement polaire, disons une petite demi-heure selon le matériel. 

Ensuite commence la session de photographie elle-même. C’est là que je démarre mon chrono.

0 H – 30 secondes de pose répétées 120 fois pour obtenir une heure de pose cumulée.

1H – Une fois les clichés réalisés, il est nécessaire de produire des images de calibration appelées light, bias et dark. Comptez un quart d’heure de plus minimum.

1H15 – Une fois terminé, il faut tout remballer et revenir à la maison vers trois heures du matin. Je ne comptabilise pas le rangement du matériel, la route, le déchargement de la voiture et la poignée d’heures de sommeil réparateur. Ce serait tricher.

1H15 toujours donc – Le lendemain, après quelques heures de sommeil, commence le travail de développement. Il faut d’abord additionner ces cent vingt clichés et les calibrer avec des images de référence, un travail qui prend de une à deux heures mais qui peut être automatisé ce qui laisse le temps de boire quelques cafés indispensables.

2H15 – Suit le traitement sur le logiciel Pixinsight. Celui-ci nécessite toute mon énergie d’autant que je fais mes premiers pas avec cet outil. Délinéarisation de l’image, suppression du gradient, déconvolution, réduction du bruit, linéarisation, histogramme, saturation, suppression du bruit, réduction des étoiles, harmonisation les couches, ce travail dure facilement deux bonnes heures avec de nombreuses tentatives plus ou moins heureuses.

4H30 – Mais ce n’est pas terminé. La touche finale vient avec Lightroom sur lequel je retravaille les couleurs, les détails, le cadrage et le bruit. Cette dernière étape ne dure jamais longtemps car je commence à être assez à l’aise avec l’outil à force de l’utiliser.

5H – Il ne reste plus qu’à poster la photographie sur les réseaux sociaux et attendre les retours.

Mais tant qu’à passer 30 minutes à charger la voiture, une heure sur la route pour aller en montagne, prendre encore 30 minutes pour installer le matériel, 15 pour le remballer, une heure pour rentrer, 30 minutes pour décharger la voiture et encore 15 minutes pour aérer les optiques embuées, soit, si vous comptez bien quatre heures au total sans parler de la partie photo et de l’attente de la nuit astronomique au sommet de la montagne pendant encore deux heures, autant photographier plusieurs objets pour rentabiliser le voyage.

Si l’astro photographie est une passion solitaire, un lent apprentissage de la patience et une plongée dans des technologies complexes, c’est également une belle aventure humaine. Car lorsque vous pointez les étoiles vous n’êtes pas souvent le seul passionné avec votre instrument et de nombreux curieux viennent voir ce que vous observez. 

Les heures passées sous la voute céleste à montrer la lune, expliquer le fonctionnement du matériel et à échanger avec les astronomes amateurs tout en contemplant la Voie Lactée sont magnifiques, enrichissantes et passionnantes. Alors qu’est-ce que seize heures et un petit déficit de sommeil pour de si beaux moments ?

Twist again

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Le mercure frôlait les trente degrés. Je n’avais pas beaucoup dormi la nuit précédente et un mal de dos me clouait dans le canapé après une dure journée de travail. J’étais fatigué et j’avais soif. C’est comme cela que j’ai commis l’irréparable.

Jamais ce genre de produit n’aurait franchi le seuil de ma porte de mon plein gré. Je respecte encore quelques valeurs dans ma vie dissolue. 

Les canettes sont arrivées dans les bras d’une jeune fille innocente qui ne savait pas. Une musicienne, ce qui excuse bien des choses. Ce soir là une seule des bouteilles apportées a été à peine entamée sur le pack de six et certainement pas par moi. A la place j’ai dégusté un excellent vin d’Alsace.

Le reste du breuvage a terminé sa vie dans l’évier, aidant à déboucher les canalisations.

Restaient toutefois cinq petites bouteilles encombrantes de 27.5 cl que j’ai caché honteusement au fond de la réserve en attendant de m’en débarrasser.

Mais l’autre soir, tout plein de monde a débarqué presque à l’improviste pour jouer dans le salon. J’avais bien préparé des salades et ma femme des desserts, mais pour les rafraîchissements il ne me restait que du Riesling, une bière blanche, une bouteille de cidre et du jus de pomme. Alors j’ai glissé quelques unes de ces bouteilles interdites au réfrigérateur, imaginant à tord qu’il s’agissait d’une boisson de musicien et que certains en boiraient peut-être.

Hélas, j’ai complètement oublié de les sortir du frigidaire. On appelle ça un acte manqué en psychologie. Du coup j’avais toujours 5 bouteilles en stock. Le lendemain, en rentrant du travail, mourant de soif, j’ai attrapé le premier truc frais qui me tombait sous la main. La fameuse bouteille.

De l’eau, du sucre, du citron, presque une citronnade s’il n’y avait du malt d’orge, du CO2 pour faire roter et plein de cochonneries comme de la gomme d’acacia, des extraits de houblon et des arômes naturels inconnus ainsi que du concentré. J’étais en train de boire un ersatz de panaché sans bière ni limonade, une pseudo blonde sans alcool mélangée à une pseudo limonade anorexique. Déjà que je suis pas fan du panaché et que je n’ai jamais compris l’intérêt de boire une bière sans ressentir la douce ivresse qui l’accompagne, là j’ai été servi.

A la première gorgée, le cerveau conditionné espère rapidement voir l’alcool agir sur les neurotransmetteurs mais après avoir descendu la bouteille, la déception arrive. L’oeil tombe sur le 0.0 % d’alcool écrit en trop petit pour être honnête. L’amertume tant attendue disparaît dans le sucre et l’acidité promise est tuée par le concentré. Les bulles trop petites restent coincées dans l’œsophage gonflant un nuage qui se refuse à sortir bruyamment. Et en fin de bouche il ne reste qu’un arrière goût bilieux désagréable et aucune envie d’en décapsuler une seconde.

Après cette expérience traumatisante j’espère n’avoir jamais à m’inscrire aux alcooliques anonymes. Car ne pas boire d’alcool ne m’empêche pas de vivre. Par contre avaler cette hérésie, cela frise la torture. Vivement que des musiciens repassent à la maison pour que je me débarrasse du stock.

Sylvan – Back To Live

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J’aime beaucoup Sylvan et quelques-uns de leurs albums figurent dans ma discothèque idéale comme Posthumous Silence et One To Zero. J’ai même eu la chance de les écouter en live en France, Chez Paulette, grace à mes amis de l’association ArpegiA, même si le concert ne fut pas vraiment inoubliable.

Et voilà que le groupe allemand sort un double album live intitulé Back to Live que le label Gentle Art Of Music a eu la gentillesse de m’envoyer en promotion. Alors je n’ai pas pu m’empêcher de l’écouter.

Deux galettes et douze longs formats explorent en live au Poppodium Boerderij Zoetermeer (sorte de Mecque du rock progressif des Pays-Bas) leur discographie avec un gros plan sur leur dernier album One To Zero.

La production de ce live prend le parti de masquer le son du public le plus souvent pour laisser jouer les morceaux comme en studio. D’ordinaire cette approche m’agace énormément mais Yogi Lang en charge de la production a eu l’idée d’insérer  aux bons endroits de l’enregistrement les réactions de la foule et quelques interventions de Marco. Du coup on profite pleinement de la musique avec quelques piqures qui nous rappellent de temps en temps que c’est un concert enregistré. Un excellent compromis qui offre une très belle qualité d’écoute.

Le live a été capté le 27 octobre 2023. Le premier concert du groupe depuis la COVID 19. Le public a répondu présent à l’invitation et le groupe semble très heureux de retrouver la scène.

Un des plaisirs de ce live tient au fait qu’il donne la part belle à l’album One to Zero et qu’il se conclut sur le titre ‘Posthumous Silence’ que j’adore. J’y redécouvre également des morceaux d’anciens albums que je n’ai pas écouté depuis longtemps comme ‘In Between’ tiré de Home. Une manière  bien agréable de replonger dans l’œuvre de Sylvan sans avoir à ressortir tous leurs CDs.

J’écrivais il y a peu, avec la sortie de l’album solo de Marco Glühmann, le chanteur du groupe, que cela sentait le sapin pour son groupe. Mais surprise, ne voilà t’y pas que Sylvan sort un live décliné en CDs, DVD, Blu-Ray et vinyles.Du coup je ne sais plus que penser, surtout que Back to Live donne furieusement envie de les revoir sur scène. L’avenir le dira.

En attendant, je vous recommande chaudement ce live, pour découvrir le groupe si vous ne le connaissez pas encore et sinon, juste pour le plaisir d’écouter ce groupe en live.

OVNIS

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Dans les années 70 tout le monde voyait des soucoupes volantes traverser le ciel. Quelques élus étaient kidnappés par les petits hommes verts qui pratiquaient des expériences sur leur anatomie. Mars n’avait pas encore été explorée par les sondes Viking et certains craignaient encore la Guerre des Mondes.

Enfant je dessinais des plans de soucoupe volantes sur de grandes feuilles de papier, détaillant les moteurs, l’habitacle, et plus tard je lus et écoutai la bonne parole des ufologues dans les livres et à leurs conférences.

CANAL+ en a fait une mini série en douze épisodes où un chercheur du CNES se voit rétrogradé en tant que chef du GEIPAN pour avoir fait exploser sa fusée. C’était avant Ariane. DS, 304, pantalons pattes d’eph, couleurs criades, anti nucléaires, sectes et gourous, la série nous replonge dans les seventies avec bonheur.

Didier se retrouve à la tête d’une équipe disparate composée de Marcel, un ancien des services secrets qui aime les hommes, de Véra la secrétaire idéaliste et de Rémy, le stagiaire ufologue fou et informaticien de première ainsi qu’une impressionnante pile de dossiers en souffrance. Guère acquis à la cause extraterrestre au début, il va finir par se poser des questions, surtout lorsqu’une haut gradée de l’armée de l’air va commencer à lui tourner autour.

Outre les vieilles bagnoles, les ados baba cool, les papiers peints très moches, les clopes au bec, on retrouve le journaliste Jean-Claude Bouret qui longtemps a été un des fers de lance de l’ufologie française. 

La série est pour le moins loufoque et très drôle par moment, alors si vous avez connu cette époque totalement allumée,  OVNIS vous offrira un bain de jouvence bienfaisant.

Cinquante-huit

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Seyne les Alpes

Ce n’est pas de ma faute si Macron a viré les députés juste quinze jours avant que nous partions en vacances.

Oui après les européennes, nous avons manqué les premiers et seconds tours des élections législatives. Et pas question de donner pouvoir à nos amis, ce sont des banquiers, des directeurs, des cadres supérieurs ou des retraités. Autant dire qu’ils votent très à droite. Quant à notre fils ainé, il ne vote pas sauf pour la légalisation de la weed.

Dans le petit village de montagne de 1300 âmes où nous avions trouvé refuge, le dimanche matin, l’heure était aux courses plutôt qu’au vote. L’Intermarché regorgeait de petits vieux armés de cabas alors que l’hôtel de ville semblait désert. Pourtant, dans ce coin rural paisible, sur les 844 votants – une affluence record au passage – 45% ont fait le jeu de l’extrême droite au premier tour.

Ici il n’y a pas d’étrangers, juste des petits vieux et quelques chômeurs bientôt retraités. Les actifs se font de plus en plus rares. Deux boulangeries sur trois ont fermé leurs portes. La supérette du centre-ville n’a pas résisté à la concurrence de l’Intermarché construit à quelques kilomètres de là. Les restaurants ont mis la clé sous la porte depuis longtemps, seul survit un café autrefois pompiste et chauffeur de bus sur la place du village. Dans la grande rue, les vitrines crasseuses des commerces fermés prennent la poussière : coiffeur, potier, boulanger, quincaillier, restaurateur, buraliste, libraire.

Au second tour, alors que nous remontions vers l’Alsace, l’union de l’extrême droite remportait 58% des suffrages dans ce petit village de montagne. 

Tin Fingers – Rock Bottom Ballads

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Après une semaine d’abstinence (musicale je précise), j’ai allumé la chaîne et j’ai survolé de nombreux albums. Et tout ou presque m’a semblé excellent, peut-être à cause du manque, du coup j’ai commandé pas mal de choses : du rétro prog, du metal, du prog et même de l’indie, c’est vous dire.

Au milieu de cette orgie sonore, un album m’a particulièrement chatouillé les tympans, Rock Bottom Ballads du groupe Tin Fingers. Si vous ne les connaissez pas, c’est normal. Déjà il sont belges et en plus ils jouent dans la cour folk pop indie.

C’est mon ami Jean-Blaise qui a acheté cette merveille sur Bandcamp et comme je surveille ses courses, j’écoute souvent ce qu’il achète.

Rock Bottom Ballads est le second album du quatuor belge et s’il m’a chatouillé c’est d’abord à cause de la voix de Felix et son l’épure musicale. Rock Bottom ballads propose dix morceaux pour trois quart d’heure de mélancolie souvent à la frontière du trip hop, autant vous dire pas vraiment ce que j’écoute le matin en me brossant les dents.

Mélancolie, voix d’ange, piano, musique épurée, tous les ingrédients étaient réunis pour que je tombe sous le charme de ce disque qui ressemble un peu à un album acoustique avec Einar Solberg, M ou bien à Vagrant Sleepers du groupe Lag I Run. Dix titres hors du temps, loin des canons habituels, qui me font frissonner à chaque écoute.

Des sons électroniques en formes de percussions émaillent de nombreux titres comme ‘Misstep’ ou ‘Little More’. Des morceaux généralement courts à la forme épurée très acoustique où la voix semble l’instrument principal, sorti de ‘Goodnight piano’ qui atteint sept minute et qui est sans surprise mon préféré avec ce sublime duo piano chant. J’aime également beaucoup le ‘Hideout’ à l’atmosphère funky digne des nuits de San-Francisco.

Si la mélancolie domine sur une musique relativement épurée, le quatrième titre de l’album très justement intitulé ‘LSD’ dénote ici. Après une ouverture en douceur, la rythmique s’emballe brutalement sur un refrain endiablé, du moins en comparaison du reste.

L’antenne ‘5G’ fait également un peu désordre dans cet album avec sa rythmique trip hop, mais comme j’aime bien le trip hop et cette basse continue aux claviers où surnage une voix suraiguë, je ne dirais rien.

L’album ne comprend qu’un seul instrumental, le ‘Nightclub’ d’à peine plus d’une minute joué au piano façon improvisation qui n’a qu’un mérite, celui d’offrir un break au chant présent partout ailleurs.

Tin Fingers dénote clairement parmi les groupes que j’écoute d’ordinaire et vous ne vous y retrouverez peut-être pas en l’écoutant. Mais voilà, je rentrais de vacances, j’avais faim de musique et l’album Rock Bottom Ballads est arrivé à point pour me nourrir. Alors je vous recommande de l’écouter sur Bandcamp, ne serait-ce qu’une fois, pour vous faire votre opinion.

La Porte des Enfers

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Je ne vous cache pas que cela faisait trop longtemps que je peinais sur des livres médiocres. Il était temps que je renoue avec la littérature. Un Laurent Gaudé emprunté par mon épouse à la médiathèque trainait négligemment sur la table, me narguant alors que je m’ennuyais sur le dernier tome d’une trilogie de science-fiction. J’ai retiré le marque page du gros pavé de 1500 pages et me suis emparé de La Porte des Enfers. Ma femme ne protestant pas, j’ai commencé sa lecture. Le lendemain, je l’avais dévoré.

Tout commence par un fait divers à Naples en 1980. Un père conduisant son fils à l’école est pris dans un fusillade. Le petit Pippo âgé de six ans meurt et l’univers de ses parents s’effondre brutalement. La même année, un tremblement de terre ravage la ville et l’enfant revient parmi les vivants.

La Porte des Enfers est l’histoire d’un drame ordinaire, d’une vengeance et un conte fantastique à la manière de l’enfer de Dante. Un père traverse le Styx pour ramener à la vie son enfant fauché par une balle perdue. 

C’est également l’histoire de Naples, la ville bruyante, crasseuse et tellement vivante qui se dresse au pied du Vésuve. C’est un roman que Laurent Gaudé a écrit pour ses proches disparus. Un livre raconté à deux époques, en 1980 lorsque le petit garçon trouva la mort et en 2002 lorsqu’il vengea son père. Un voyage en enfer, dans le monde des vivants et celui des morts.

Un incroyable roman que l’on dévore en quelques heures, un récit brutal et fort comme beaucoup des livres de Laurent Gaudé

1277m

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Un violoncelle sur la banquette arrière, une valise pour les slips, une monture équatoriale et une lunette dans le coffre, nous sommes partis vers le sud, dans les Alpes de Haute-Provence. 

A 1277 mètres d’altitude et un peu moins d’habitants, au coeur de la vallée de la Blanche, non loin du lac de Serre-Ponçon, se dresse le village de Seyne les Alpes et sa citadelle Vauban.

C’est là, au-dessus des maisons, au milieu des pâturages, qu’a été construit le petit chalet de mes beaux parents. Une maison minuscule sur un terrain en pente avec une vue imprenable sur les montagnes.

A 22 heures dans ce paradis perdu, les lumières du lotissement s’éteignent, le silence envahit la montagne et les premières étoiles scintillent. 

A 23h30  la Voie Lactée s’illumine tel un néon gigantesque, les étoiles du Cygne brillent au zénith et la constellation du Sagittaire frôle les sommets vers le sud.

C’est le plus beau ciel que je connaisse. Bleu azur le jour, noir constellé d’étoiles la nuit. Ici les yeux émerveillés découvrent les couleurs des étoiles et certaines nébuleuses sont visibles à l’oeil nu.

J’ai installé mon instrument dans l’ancien potager aujourd’hui à l’abandon. Aux dernières lueurs du jour j’ai pointé la monture vers le Nord et j’ai ajusté les trois pieds au niveau pour que le suivi des étoiles soit le plus parfait possible. Vers 22h30 j’ai aligné l’instrument sur l’étoile polaire afin de parfaire la mise en station et compenser la rotation de la terre. Les étoiles ne tourneront pas dans l’objectif.

La nuit astronomique débute vers 23h30. Les étoiles brillent de toute leur puissance thermonucléaire et la Voie Lactée déroule son voile du Nord au Sud.

C’est l’heure où la lunette de 72 pointe une nébuleuse ou bien une galaxie. Les moteurs de la monture équatoriale ronronnent dans le silence surnaturel, les LEDs rouge et verte clignotent dans le noir et après quelques tâtonnements, l’objectif trouve sa cible et réalise une première photographie.

Malgré le soleil qui a brillé toute l’après midi, il fait frais sous la voute étoilée. Chaudement emmitouflé, je surveille l’électronique en plein travail. Le suivi est correct, l’empilement se passe bien, aucun nuage ne vient troubler les photographies mais de temps en temps le wifi de l’ordinateur est capricieux.

Image après image, toutes les trente secondes, l’objet dévoile un peu plus de détails et de couleurs sur l’écran de la tablette. Tout d’abord ce n’est qu’une ébauche floue au milieu de milliers de points brillants, puis des structures se dessinent, de nouveaux objets apparaissent et des couleurs, de plus en plus saturées peignent le ciel, bleu, jaune, rouge, orangé. La magie opère, la nébuleuse ou la galaxie ressemble peu à peu aux images des livres d’astronomie de mon enfance.

Au cours de cette semaine de vacances passée en montagne, trois nuits furent exceptionnelles, sans nuage, sans lumière et peu de vent, autant que depuis le début de l’année en Alsace. 

Pour la première nuit j’ai pointé une galaxie facile à capturer, au zénith, au bout de la queue de la grande casserole. M 51, un classique que j’ai déjà photographié mais jamais sous de tels cieux. Au bout d’une heure j’avais déjà plein de détails sur la spirale elle même et de nombreuses galaxies plus lointaines se sont petit à petit dévoilées dans le champ large de l’instrument.

Le second soir, malgré un ciel fabuleux, je ne me sentais pas la force d’une nuit blanche après un aller retour chez mes beaux parents. J’ai attendu que la nuit tombe pour montrer la Voie Lactée à mon épouse et prendre quelques photos pause longue du ciel, sans la lunette. C’est là que j’ai réalisé que les constellations du Sagittaire et du Scorpion étaient nettement plus hautes à l’horizon qu’en Alsace. Cela m’a donné le sujet de ma troisième nuit d’observation.

Pour la dernière nuit j’ai tenté M 20, la nébuleuse trifide que je n’ai jamais pu observer et encore moins photographier. Comme elle est relativement basse sur l’horizon, l’emplacement du potager ne faisait plus l’affaire. Alors je me suis installé sur la terrasse du chalet qui donne plein sud. Une fois le matériel installé, j’ai pu le laisser travailler, confortablement installé dans le canapé. Le large champ de la lunette de 72 mm me permettait d’englober plusieurs objets sur la photographie en même temps. Les nébuleuses M 8 et M 20, l’amas d’étoiles ouvert M 21 et plein d’objets NGC noyés dans le nuage de gaz de la Lagune. Une merveille !

Dès les premières images, les couleurs rouges et bleues de la trifide ont éclaboussé l’écran de la tablette. Je n’en croyais pas mes yeux. Les pastels de la nébuleuse de la Lagune se sont plus lentement dévoilées, la faute à mon appareil qui filtre le rayonnement infrarouge. Tout le monde n’a pas un James Web sous la main. Les milliers d’étoiles constituant notre galaxie tissaient un tapis scintillant autour des deux nuages de gaz colorés tel un diadème de l’espace. Tellement lumineux que j’ai dû baisser fortement la sensibilité de l’appareil pour ne pas bruler les images.

Je ne suis pas certain d’avoir bien réussi la mise au point et le suivi des étoiles fut chaotique faute de pouvoir réaliser un alignement sur l’étoile polaire. Si la photographie ne sera pas parfaite, elle reste une des plus magiques que j’ai réalisé.

MIRAR – Mare

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C’est dans un article de Métal Zone  que j’ai découvert le duo français MIRAR. Le billet parlait d’un premier EP conjuguant metal progressif, musique classique et djent. En plus il était disponible sur Bandcamp, alors je suis allé l’écouter.

Bon, honnêtement j’ai hésité à l’acheter après un premier survol. Déjà parce que 14,40 euros c’est cher pour un EP de trente minutes, ensuite, parce que la musique est pour le moins, comment dire, inconfortable.

Alors qu’est-ce qui m’a décidé ? Sans doute le plaisir de faire chier mes voisins, de sortir de ma zone de confort et de reproduire l’expérience du chat de Schrodinger, à savoir la survie d’un chat enfermé dans la même pièce que moi à écouter le groupe MIRAR.

Mare est un EP six titres qui s’inspirent de Jean-Sébastien Bach, de Rachmaninov et de Jean-Philippe Rameau, de la musique baroque, classique et romantique transformée en djent extrême par Marius et Léo.

A la première écoute, ‘Rachma’ est inconfortable et ‘Rose Bonbon’ limite insupportable. Après ces deux morceaux, le cerveau commence à mieux supporter la douleur et cela se passe presque bien jusqu’au moment ou ‘Cauchemar’ rentre en scène.

Piano classique, traits de guitares au vitriol, sons torturés, le moins que l’on puisse dire, c’est que Mare est très original. Techniquement c’est assez bluffant, mélodiquement par contre, c’est l’enfer.

Génial ou insupportable ? Je n’ai pas encore vraiment tranché la question. Le moins que je puisse dire, c’est que c’est très déstabilisant.

‘Rachma’ qui ouvre l’EP s’inspire du concerto n°2 de Rachmaninov (disons que les premières secondes au piano y font penser) puis il déchire les éthers avec ces grincements de guitares, sa batterie bourrine et son djent tablasseur avant quelque secondes cinématiques pour exploser de plus belle.

Mais ce n’est rien en comparaison de ‘Rose Bonbon’ qui n’est que déferlement de batterie, de guitares écartelées, de musique contemporaine et de djent industriel avec quelques secondes de clavecin pour faire bonne figure.

‘Hestehov’ se veut nettement plus cinématique malgré ses accords de guitares dignes des violents FPS auxquels jouent nos enfants. Le morceau propose nettement plus de plages acceptables pour les oreilles humaines.

‘Franka’ s’inspire de deux pièces de Jean-Philippe Rameau, ‘Les Cyclopes’ et ‘Les Sauvage‘. Une base rythmique au clavecin vite submergée par le djent nous maltraite à nouveau avec toutefois un court break au milieu de la pièce. Quant à ‘Oslo’, il ressemble à un train à vapeur lancé à plein vitesse avec des étincelles qui jaillissent de la cheminée de la motrice.

‘Cauchemar’ me semble le titre le plus abouti de l’EP. Il nous parle avec délicatesse de l’insomnie. En plus des guitares effrayantes, des hurlements se glissent dans la composition. Et ce n’est pas parce qu’il y a du piano en seconde partie du morceau que vos rêves seront plus agréables. Une sorte de bande son de l’Exorciste longue de pas loin de neuf minutes, vivement recommandée comme berceuse pour endormir vos petits enfants.

Mais quel est le rapport avec le tableau de Le Caravage, Judith décapitant Holopherne qui fait office de pochette ? Aucune idée sortie de l’horreur de la chose.

Il faut bien reconnaître que cet EP entre ses emprunts au répertoire classique et son artwork que l’on doit à un grand maître du dix-septième siècle, est pour le moins perturbant.

Alors chef d’oeuvre ou mélange blasphématoire des genres ? A vous de voir. Au moins ça sort clairement des sentiers battus.

Calibré

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Malgré des années de photographie numérique, je n’avais jamais calibré mon écran. C’est vrai que à ne produire que des clichés en noir et blanc, l’exercice ne présentait pas beaucoup d’intérêt.

Cependant lorsque je publiais une photographie couleur, j’étais souvent déçu par son rendu en saturation lorsque l’image sortait du logiciel Lightroom. Mais bon, rien qui justifie l’achat d’une sonde de calibration d’écran.

Mais voilà, je viens de débuter une longue formation sur l’astro photo et dès la seconde leçon, le gars plaçait la calibration d’écran parmi les points les plus importants du traitement de l’image. Le formateur est bon, ses photographies sont magnifiques, ses conseils censés et pas partisans, donc je me suis doté d’une petite Spyder X pour calibrer mon gros 27 pouces rétina.

Je m’étais toujours imaginé qu’une sonde de calibration d’écran était hors de prix mais en réalité on en trouve à partir d’une certaine d’euros. L’opération prend moins d’une minute et à la sortie du processus le résultat est immédiatement palpable. Les couleurs entre dans une nouvelle dimension.

Bon ceci dit, ce n’est pas parce que j’ai une sonde de calibration que les astrophotos vont devenir meilleures tout de suite. Il faut d’abord que je fasse des photos et cette année je n’en ai réalisé que deux pour l’instant, il faut dire que cela prend plusieurs heures. Ensuite il faut que je maitrise un minimum le logiciel PixInsights que je viens d’installer sur le Mac et qui permet le traitement des images. Enfin il faut que je lise quelques bouquins comme Les secrets de l’Astrophoto écrit par Tierry Legault et que je visionne une trentaine d’heures de cours sur Youtube pour espérer m’améliorer. Au moins, je commence à maîtriser la partie acquisition avec la lunette, la monture et l’Asiair. C’est déjà ça. Y a plus qu’à attendre qu’il ne pleuve plus.