Titres
Formation en 2020
Luke Roberts [chanteur,guitariste], David Davidson [guitariste], Brett Leier [bassiste], James Knoerl [batteur]
Invités :
Jocelyn Barth – choeurs
Erik Van Dam – saxophone
Peut-on conjuguer rock progressif et grunge sans commettre de faute de grammaire ? Il semblerait que la réponse soit affirmative lorsque l’on découvre le premier album du groupe de Boston au nom semblable à un borborygme, Gargoyl. Jazzy, grunge, progressif, le quatuor formé de membres d’un groupe de thrash/death/metal (Revocation) et d’un autre de punk/grunge/progressif (Ayahuasca) pourrait faire songer à O.R.k. ou bien à King Crimson seconde période.
Le groupe est né en 2018 de la rencontre de Dave Davidson et de Luke Roberts, et après une démo deux titres parue début 2019 le groupe a été rejoint par le bassiste Brett Leier et le batteur James Knoerl avant de signer un contrat chez Season of Mist.
Il n’est pas question sur cet album des débauches de claviers, des titres à rallonge ou des soli de guitares éblouissants qui firent les belles heures du prog, mais d’un concentré rythmique au chant déclamatoire dans le style de Alice in Chains. Gargoyl rejoint Thrack mais également Ramageheat ou encore Grace For Drowning. Une sorte de metal, grunge, jazzy, progressif improbable qui sort clairement des sentiers battus.
Hormis le saxophone de Eric Van Dam dans ‘Acid Crow’ et les choeurs de Jocelyn Barthdans dans ‘Ophidian’, ‘Nightmare Conspiracy’ et ‘Ambivalent I’, vous n’entendrez que basse, batterie, guitare et chant dans Gargoyl, et si vous recherchez des mélodies faciles à retenir, passez votre chemin.
Si le chant de Luke Roberts m’a donné furieusement envie de vous présenter Gargoyl, celui-ci semblera probablement rébarbatif à bien des amateurs de metal progressif abonnés à Leprous, Haken et cie, surtout au bout de onze morceaux. Sorti des harmonies vocales de ‘Truth of a Tyrant’ et du titre ‘Waltz Dystopia’ où notre chanteur s’essaye au déclamatoire théâtral, à l’image de la valse pesante qui l’accompagne, le reste du temps Luke ne change guère de registre ni de ligne vocale.
Basse et batterie soudent une ossature métallique polymorphe complexe sur laquelle s'appuient des guitares frippiennes pour bâtir des mélodies souvent dérangeantes. La facilité n’est ici pas de mise et le metal s’inspire beaucoup de constructions jazz comme dans ‘Wraith’.
Si 'Truth of a Tyrant’ me fait songer à O.R.k., ‘Electrical Sickness’, ‘Ophidian’ et ‘Waltz Dystopia’ me rappellent King Crimson, alors que ‘Wraith’, ‘Acid Crown’ ou ‘Asphyxia’ me ramènent à Storm Corrosion et les débuts solo de Steven Wilson.
Gargoyl ne séduira pas la majorité des mélomanes habitués à des harmonies plus conventionnelles. Cependant, le quatuor, fort d’un univers musical hors du commun, trouvera certainement son public chez les amateurs d’expérimentations musicales sans frontières. Je l’avais noté dans les trouvailles prometteuses lors de sa sortie en octobre et faute de temps je ne m’étais pas attardé dessus. Une grave erreur maintenant corrigée. Ce groupe est à suivre de très près.
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