Déménagements

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Mes deux garçons ont eu la bonne idée de déménager à peu près au même moment. L’un revenait de Lyon pour s’installer chez ses parents, l’autre quittait son studio près de chez nous pour se mettre en colocation à peine plus loin.

Étrangement, c’est le déménagement lyonnais qui a posé le moins de problème. Une allez-retour Strasbourg Lyon dans la journée en camionnette louée chez Leclerc et l’affaire fut réglée. Je reconnais que la journée fut fatigante et que mon fils devra encore retourner à Lyon pour un rapide ménage et l’état des lieux et passer un jour à la déchèterie vider les meubles qu’il doit jeter à la déchèterie. Mais ce fut bien plus simple que le second déménagement.

Déjà mon ainé a nettement plus d’affaires que le petit dernier et est bordélique. Initialement je ne devais rien faire, mon garçon gérait tout avec huit copains et le père de son futur colocataire le samedi en camionnette. 

En réalité, le dimanche midi il m’a appelé à l’aide. Samedi ils n’avaient déménagé que l’appartement son copain en une journée et d’après les échos que j’en ai eu, ce fut un véritable chaos.

Mais dimanche nous n’étions plus que quatre avec une voiture et une remorque… Tout le mobilier de mon fils restait à démonter, à descendre du second étage avec un ascenseur en panne et à transporter sur cinquante mètres pour charger la remorque. Ouille !

Une fois le plus gros enlevé, restaient plein de merdouilles très sales à enlever et un apparement digne d’une porcherie à nettoyer. L’impression 3D c’est sympa mais la résine, ça dégueulasse vraiment tout.

Vaisselle d’un mois pas faite, lavabo bouché, traces sur les murs, résine sur le carrelage, l’horreur ! J’aurais bien laissé mon aîné dans son bazar mais nous nous sommes portés caution pour la location de son appartement, alors voilà, pas le choix.

La salle de bain de six mètres carrés nous a demandé cinq heures de nettoyage. C’est là que résidaient ses trois  imprimantes 3D dont j’ai bien profité. La pièce principale a nécessité le double de temps pour devenir presque acceptable et nous avons dû faire plusieurs aller retours dans son nouveau logement pour évacuer ses dernières affaires.

Nous arrivons au bout du chantier. Il reste plus que le balcon à nettoyer, des carrés d’isolation phonique à détacher des murs et quelques finitions avant de rendre le clés.

Après cela nous pourrons partir une semaine en vacances en Corse, sans nos enfants, avec une seule valise de dix kilos et dans un appartement en bord de mer où le ménage est compris dans le prix de la location.

Je pense que c’est mérité.

Anfauglir – Akallabêth

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Prenez peur, c’est quand même Stéphane Gallay qui a recommandé l’album dont je vais vous parler aujourd’hui. Une heure quinze de black métal symphonique à grosse voix et orchestrations pompier dans l’univers de JRR Tolkien. Autant dire que ça fait du bruit.

Presque tout le monde a entendu parler de The Hobbit de Tolkien, certains ont même vu la trilogie de The Lord of the Rings au cinéma, d’autres ont été jusqu’à lire le livre. Plus rares sont ceux qui se sont plongés dans le Silmarillion, cette compilation de récits inachevés qui ébauche la mythologie de l’univers de Tolkien. Moi, j’ai commencé par ça.

Akallabêth nous plonge dans les récits du deuxième âge. La pochette illustre d’ailleurs la chute de l’île de Numenor vers 3300 D.A. On y voit la cité d’Armenelos, la capitale de l’île, prise dans la tourmente et les navires qui fuient vers le Royaume Béni.

Mais trêve de mythologie de Terres du Milieu, parlons plutôt musique si vous le voulez bien. Anfauglir est un duo du Montana né en 2004 et formé de Lord Bauglir et Griss, deux fondus de Tolkien qui sortirent leur premier album en 2008.

Jouer du métal symphonique à deux, ce n’est pas évident et les orchestrations qui dégoulinent des quatre morceaux sont évidemment numériques. Oui, j’ai bien dit quatre morceaux pour une heure et quart de musique. Autant dire que vous allez prendre très cher, avec respectivement vingt, dix-sept, vingt-deux et enfin douze minutes de spectacle.

Scream et piano forment le socle musical de l’album sur lequel se greffent double pédale, chœurs, cordes et cuivres (beaucoup de cuivres). C’est grandiloquent à souhait, pompier et cinématique façon grand spectacle. C’est limite too much et j’adore ça !

Moi, c’est clairement l’ouverture au piano dans ‘The Rise of Numenor’ qui a titillé mon oreille. Ensuite, le métal symphonique a fait son œuvre et si le scream est omniprésent sur cet album, cela ne m’a pas posé de problème particulier.

Par contre, comme l’a noté Stéphane, l’orchestration numérique souffre de son côté orgue Bontempi pour ceux qui ont connu. Les samples, particulièrement ceux des cordes, manquent de caractère et lors d’une écoute au casque, ça pique beaucoup. Bizarrement, les chœurs tiennent assez bien la route.

Pour continuer à parler des choses qui fâchent un peu, j’ai trouvé quelques thèmes musicaux honteusement pompés à des œuvres cinématographiques biens connues, tout particulièrement dans ‘The Inevitable Truths of Time’ qui me fait beaucoup penser à la B.O. du film Dune de David Linch vers la neuvième minute.

Malgré ces quelques petits bémols, Akallabêth est une grosse claque, le genre d’album que j’écoute à fond à la maison lorsque je suis seul et il entre en lisse pour la compétition finale de l’album de l’année.

Alphonse

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Une fois n’est pas coutume, j’ai regardé une série française jouée par Jean Dujardin, Charlotte Gainsbourg et Pierre Arditi. 

Alphonse est l’histoire d’un vendeur de montres qui devient gigolo sur les conseils de son père. Mais un gigolo pour vieilles dames, car il reprend la clientèle âgée de son père, forcé d’arrêter ses turpitudes suite à un AVC.

La série friponne, amusante et tendre, montre la transformation d’Alphonse, cet homme qui jusqu’alors était un raté étouffé par son épouse. Alphonse apprend à s’habiller, à tenir un rôle, à séduire, il prend de l’assurance et découvre un père qu’il ne connaissait pas.

Plusieurs récits parallèles étoffent les six épisodes : les relations tumultueuses entre Alphonse et son épouse, un petit fils violent que sa grand mère veut déshériter, le commerce lucratif du père d’Alphonse, l’histoire de la mère d’Alphonse disparue alors qu’il était enfant, et toutes les histoires de ces vieilles dames en manque d’amour.

Si les quatre premiers épisodes de la série sont fabuleux, le cinquième part clairement en vrille et le sixième n’arrive pas à terminer l’histoire qui avait pourtant si bien commencé.

Dommage car la série bénéficie d’un casting cinq étoiles avec dans le rôle des vieilles dames de fabuleuses actrices comme Nicole Garcia ou Marie-Christine Barrault sans parler de Jean Dujardin, Charlotte Gainsbourg et Pierre Arditi.

Chroniques de la Lune Noire

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Le samedi 23 août 2025, un phénomène astronomique, qui ne se produit que tous les trente-trois mois, venait de survenir : la Lune Noire. Un évènement unique en son genre abondamment relayé par la presse : TF1, le Télégramme, Le Figaro et j’en passe.

La Lune Noire annonçait-elle la fin du monde, l’extinction de l’humanité, le réveil des loups garous ? Si vous vouliez le savoir, il fallait lire l’article.

Grace à la Lune Noire vous alliez enfin pouvoir admirer la Voie Lactée en sortant un peu des zones urbaines. Oui parce que c’est bien connu, la Voie Lactée, on ne peut la regarder qu’un jour tous les trente-trois mois…

Mais qu’ai-je donc admiré lundi dernier moi ? Ce truc laiteux partant de la constellation de Persée pour allez se noyer au Sud près du Sagittaire. Sans doute une très grosse traînée d’avion.

La Lune Noire est la dernière trouvaille des médias en manque d’articles pour remplir quelques lignes avec un titre racoleur. Super Lune, Lune Rousse, Lune de Sang, Lune Noire… Vous l’avez-vu ma Lune ?

La Lune Noire n’est que une nouvelle Lune. D’ailleurs le terme Lune Noire n’est pas une dénomination astronomique. La nouvelle Lune se produit tous les 29,5 jours. Et oui, sans surprise, on voit mieux la Voie Lactée et les étoiles les nuits de pleine lune, lorsqu’il fait bien noir.

Les médias sont débiles, mais les gens le sont plus encore (désolé les gens, mais c’est tellement vrai). Lors d’une grande panne de courant à New-York, les ricains ont appelé Police Secours pour signaler une étrange bande laiteuse dans le ciel nocturne. C’était la Voie Lactée…

J’attends avec impatience l’article de presse qui écrira qu’il fait jour en plein jour, vers midi, on appellera ça le Soleil Jaune. Un phénomène qui ne se produit qu’une fois par jour.

En attendant, dimanche 7 septembre à partir de 20h00 en Alsace, à l’horizon Est, la Lune se lèvera complètement éclipsée, un événement à ne pas manquer si vous avez l’occasion de mettre le nez dehors. Celui-ci ne se produit pas tous les jours.

Lowen – A Crypt in the Stars

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En 2018 le groupe britannique Lowen sortait son premier album A Crypt in the Stars. Trente-cinq petites minutes de doom fleurant bon le rétro progressif chanté par Nina Saeidi.

Je suis tombé dessus par hasard et j’ai tout de suite accroché à leur musique venue d’une autre époque. Pourtant, croyez-moi, A Crypt in the Stars ne partait pas gagnant. Sa production est tout simplement exécrable et Nina n’a pas tout le temps le diapason près de son oreille.

Je n’ai pas beaucoup d’informations sur la formation d’origine, seuls Nina et Shem Lucas sont crédités sur l’album alors que l’on entend de la batterie, de la basse et de l’orgue Hammond est présent sur quelques morceaux. Le chant, pas toujours très maîtrisé, donne dans l’incantatoire à la Mandylion sauf que Nina n’est pas Anneke.

La musique, elle, joue un doom stoner parfois agrémenté de claviers vintages à souhait donnant une touche rétro prog aux compositions.

Le premier morceau au titre imprononçable ouvre l’album acapela, façon prière aux dieux ou lamentation avant de s’enfoncer dans un stoner assez dense d’où surnage le chant plaintif de Nina.

Le titre ‘The Fortress of Blood’ pousse le curseur jusqu’à épouser les sonorités d’un grand classique du prog, à savoir In The Court Of The Crimson King. On y entend en effet, en trame de fond, un orgue Hammond rugissant sur lequel s’impose le chant déclamé de Nina rythmé par une batterie très clairsemée. Et à la cinquième minute, l’orgue prend le dessus sur le reste de la musique pour un magnifique voyage progressif.

‘Krenko’s Command’ est nettement plus rentre-dedans. Dans ce second morceau, beaucoup plus direct et presque deux fois plus court, vous n’entendrez que des guitares saturées, une batterie assez bourrine et bien entendu le chant qui lui ne varie guère.

Le dernier titre de l’album, ‘In Perpetual Bloom’, qui dépasse les onze minutes, épouse une forme plus psychédélique et joue un peu les prolongations. La dernière partie quasi instrumentale qui fait quand même un peu au remplissage, surtout sur un album aussi court.

L’album A Crypt in the Stars, s’il m’a d’abord séduit, a été rapidement éclipsé par l’arrivée de Stalagmite Steeple et par la dernière découverte d’Alias, la chute de Numenor racontée par Anfauglir.

D’ailleurs, ce sera peut-être cette nouvelle acquisition dont je parlerai la semaine prochaine, parce que franchement, j’adore cet album.

Hoo !

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Nébuleuse de la Trompe d’éléphant

Chez les photographes le débat entre les partisans de la retouche et ceux du développement fait rage depuis l’avènement du numérique. 

Où s’arrête la photographie et où commence l’image de synthèse ? Avec l’arrivée de l’IA générative, même les fervents adeptes de Photoshop commencent à poser des limites éthiques. 

Il est possible d’effacer des personnages, d’enlever des objets disgracieux, de transformer une journée ensoleillée en matin brumeux, de remplacer un ciel par un autre, d’inventer une partie du cliché, voire de fabriquer de toute pièces un paysage grâce à l’IA générative. 

Alors à quel moment une photo n’est plus qu’une image numérique ? Je n’ai pas la réponse à cette question. Personnellement, j’use le moins possible de ces traitements qui substituent une réalité à une autre plus virtuelle. Je n’utilise pas Photoshop mais Lightroom et je n’utilise l’IA que pour réduire le bruit et supprimer de tous petits détails que je n’avais pas noté en réalisant le cliché. Mais ça c’est en photo.

Nébuleuse du Sorcier

En astro photo, tout est différent. Car qu’est-ce qu’une image en astronomie ? Un signal extrêmement faible, souvent imperceptible par l’œil humain, amplifié par un instrument et une caméra puis délinéarisé dans un logiciel pour transformer des fréquences presque invisibles en couleurs. 

Des fréquences invisibles comme l’infrarouge ou l’ultraviolet que les caméras captent et auquel on attribue arbitrairement des couleurs. Lorsque vous regardez une image du télescope Hubble ou James Web, vous ne voyez pas la réalité, vous voyez différentes longueurs d’ondes colorées puis additionnées pour fabriquer une photographie.

Par exemple James Web ne voit que dans l’infrarouge, autant dire que ses couleurs ne reflètent jamais la réalité. 

En astronomie, certains utilisent des filtres qui ne laissent passer que certaines longueurs d’ondes ou bloquent certains rayonnements. L’image obtenue est inévitablement biaisée par rapport à la réalité.

J’ai commencé la photographie astro avec un appareil Nikon non défiltré, c’est à dire dont le capteur bloque une partie de l’infrarouge, comme tous les boîtiers photos grand public. Ensuite j’ai utilisé une caméra qui capte tout le spectre, visible et invisible, augmentant considérablement la sensibilité de mon setup. Puis j’ai ajouté un filtre UV/IR Cut pour supprimer les ultraviolets et les infrarouges des éclairages urbains qui polluent les images. Enfin j’ai utilisé un filtre tri bandes qui ne laisse passer que des plages étroites de longueur d’onde, hydrogène, oxygène, souffre. Mes photos ne reflétaient plus vraiment la réalité mais avaient gagné en netteté.

Nébuleuse Dumbbell

Il y a peu j’ai publié une photo de la nébuleuse de la Trompe d’Eléphant et un de mes mentors m’a conseillé de la traiter en HOO, c’est à dire avec les longueurs d’onde de l’hydrogène et l’oxygène. 

Oui mais comment ? Et quel intérêt ? Il m’a envoyé un tutoriel basé sur le logiciel Pixinsight et j’ai essayé. La vidéo dure plus d’une heure et contient plein de concepts qui sont loin d’être évidents. Il m’a fallu deux visionnages avec de multiples arrêts sur images et quelques notes pour comprendre l’idée.

Le principe est d’attribuer une couleur, rouge, vert ou bleu, à une une longueur d’onde particulière. Rouge pour l’hydrogène, vert et bleu pour l’oxygène. Ensuite on isole ces couleurs avec des masques pour les traiter de manière indépendante pour enfin tout assembler pour fabriquer une image.

En réalité c’est un peu plus compliqué. En astro photographie, on va tout d’abord étirer l’histogramme des lumières pour amplifier certaines parties et en atténuer d’autres. On va également séparer les étoiles de l’objet photographié pour les traiter indépendamment. Souvent on choisit de réduire le nombre d’étoiles. On assombrit le fond du ciel pour éviter d’obtenir une voûte céleste grise. Bref on bidouille pendant des heures.

À la fin que reste-il de la réalité ? Nous avons filtré les fréquences, amplifié la lumière, enlevé les étoiles, assombri le ciel, attribué des couleurs arbitraires à certaines fréquences, rehaussé des couleurs, estompé d’autres, supprimé des étoiles, ajouté du contraste, réduit le bruit et fabriqué une photographie avec tous ces éléments additionnés.

Nébuleuse du Cocon

Certains astronomes amateurs s’insurgent à raison contre ces pratiques. Car l’information qui pourrait servir à la recherche disparaît lors du traitement de la photographie. Si on n’utilise pas des filtres étalonnés, des caméras spécifiques et des traitements non destructifs, l’image n’est plus exploitable pour la science.

Personnellement, je fais des photographies astro pour la beauté de l’image, pas pour la science. Et le traitement HOO m’offre une toute nouvelle palette de couleurs pour composer des images spectaculaires même si elles sont peu scientifiques. 

Un jour je changerais peut-être d’avis, j’utiliserais une caméra monochrome et des filtres étalonnés. Mais pour l’instant, je me fais juste plaisir.

Les sept vies d’un chat

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Il y a eu tout d’abord Aquila, une chatte siamoise tout juste sevrée, qu’une amie de ma mère, a confié à mes bons soins. J’étais adolescent et je suis devenu fou de cette petite amoureuse exclusive. Ma mère, qui détestait les chats – Aquila le lui rendait bien – l‘a rendue à sa propriétaire lorsque j’ai commencé les études à Toulouse. Entre temps je m’étais trouvé une nouvelle amoureuse, humaine celle-là et je ne pouvais pas l’emmener dans le sud. J’ignore ce qu’est devenue cette jolie boule de poils mais je regrette encore de ne pas l’avoir gardé avec moi.

Chloé est arrivé quelques années plus tard, une jeune écaille de tortue abandonnée à Montpellier et recueillie par un couple d’amis. Ils nous ont annoncé qu’ils avaient un petit cadeau tout mignon pour nous lorsque nous sommes allés les voir lors d’un week-end dans le sud. Une fois la boule de poils dans nos bras, nous n’avons pas pu dire non et nous l’avons ramenée en région Parisienne. Ce fut notre premier bébé. Trois ans plus tard, elle est sortie par la fenêtre de l’appartement au rez-de-chaussée à Strasbourg alors que nous venions à peine de nous y installer. Nous ne l’avons jamais retrouvée.

Lorsque nous avons déménagé dans notre maison, nous avons promis aux enfants de prendre un chat et un chien. La première pensionnaire s’appelait Noisette, une gentille chatte européenne que sa propriétaire ne pouvait pas garder. Comme de nombreux chats, elle avait des problèmes de reins et une vaccination de routine lui a été fatale. Nous l’avons perdu pendant la nuit de Noël il y a quatorze ans.

Peu de jours après sa mort, nous adoptions une chatte tricolore. À la SPA, la dame qui nous accueillit, nous avait pourtant prévenu : elle mord, elle crache et elle griffe, c’est une tricolore ! Mais lorsqu’elle m’a tendu la petite bête, celle-ci s’est immédiatement blottie contre mon épaule et nous sommes reparti avec.

Mon petit dernier l’a baptisé Cannelle ce qui convenait parfaitement à sa robe rousse, blanche et noire. Le petit monstre caractériel s’est vite adapté à la maison et ses occupants, devenant la maîtresse des lieux. Certes, à la moindre contrariété la bestiole crachait ou mordillait, mais c’était un amour très affectueux qui a accompagné nos deux enfants jusqu’à leur vie d’adulte.

Luna a fait un passage éclair chez nous, une croisée siamoise magnifique que notre voisin avait chassé de sa grange après avoir tué ses petits. Elle était indépendante, sauvage, aventurière et la cohabitation avec sa colocataire Cannelle fut des plus explosives. Parfois, accidentellement, les deux boules de poils s’endormaient l’une contre l’autre et lorsqu’elles s’éveillaient, le combat de rue reprenait. Le cœur de Luna a flanché un beau soir d’été alors qu’elle chassait dans le jardin.

C’est un fait cruel, les chats vivent hélas nettement moins longtemps que les hommes et en juin dernier, Cannelle a commencé à perdre l’appétit. Ses reins étaient également malades. Une véritable malédiction chez les félins. 

Les derniers jours de Cannelle ont été d’une grande tristesse. Elle ne mangeait plus du tout et buvait à peine, devenue l’ombre d’elle même, se cachant pour mourir derrière les canapés. Il ne lui restait plus que la peau sur les os alors qu’un mois plus tôt son bidon dodu balayait encore le parquet. 

Le vétérinaire l’a aidé à partir en douceur en compagnie de mon épouse et de mes deux garçons. Au moins elle n’a pas souffert trop longtemps.

Avec qui vais-je regarder les séries TV sur le canapé ? Qui lira de la science-fiction sur mon ventre en ronronnant, mangera les vers de terre du compost, m’accueillera en râlant lorsque je rentrerai trop tard du travail ? Qui miaulera pour que quelqu’un lui ouvre la porte d’entrée et cinq minutes plus tard pleurera devant la fenêtre du salon fermée pour se mettre au chaud, qui boira dans le mug de mon épouse, qui traversera toute la maison en bondissant pour exiger son petit un bout de poulet ? 

Adieu Cannelle…

Returned To The Earth – Stalagmite Steeple

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Tim Bowness, No Sound, Blackfield, ces noms vous parlent ? Alors, fermez les yeux et ouvrez les oreilles. Je vais vous faire découvrir l’album Stalagmite Steeple sorti l’an passé.

L’artiste caché derrière le projet Returned To The Earth né en 2014, se nomme Robin Peachey. Un motard barbu qui est également compositeur, chanteur et guitariste. À ses côtés jouent Paul Johnston à la batterie, aux claviers et à la guitare ainsi que Steve Peachey aux synthés.

Stalagmite Steeple est son second album après Fall Of The Watcher en avril 2022. Six morceaux de rock progressif de cinq à dix minutes pour un peu moins de trois quarts d’heure de mélancolie.

Outre la douceur du chant au spleen dans l’esprit de Tim Bowness, il y a cette musique aux magnifiques traits de guitares et aux claviers planants qui ne laissera aucun amateur de No Sound indifférent.

Évidemment, avec de tels ingrédients, les morceaux ne brillent pas par leur gaieté. D’ailleurs les titres des pièces donnent clairement le ton : ‘Die For Me’, ‘Dark Morality’, ‘The Final Time’…

Alors, si votre médecin vous a prescrit des antidépresseurs, n’avalez pas la boite d’un coup en écoutant Stalagmite Steeple, ça pourrait vous être fatal.

Mon titre préféré est le premier de l’album, une pièce d’un peu plus de sept minutes intitulée ‘Dark Morality’ où l’on retrouve tous les ingrédients que j’aime chez Returned To Earth, guitares, piano, mélancolie et chant.

Malgré son écriture très progressive, particulièrement sur le titre ‘Die For Me’, Returned To The Earth use de la forme classique couplet refrain avec un petit solo de quelque chose qui se glisse même dans les courts formats.

Le côté prog vient plus des palettes sonores et rythmiques utilisées par Robin tout au long de l’album. On retrouve en effet des tonalités et des tempos bien connus comme le piano accompagné de cordes utilisé dans de nombreux morceaux.

L’album n’est pas révolutionnaire en soit, mais je le trouve absolument sublime. Si je l’avais découvert l’an passé, il aurait eu de bonnes chances de figurer sur le podium.

L’amourante

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Je n’achète plus de bandes-dessinées depuis pas mal de temps car cela prend trop de place à stocker et que sorti des Gaston Lagaffe, je relis rarement une BD.

C’est mon épouse qui a acheté l’Amourante lors d’une razzia chez notre librairie alors que de mon côté je faisais le plein de livres pour survivre à la canicule.

Mon épouse ayant dévoré l’Amourante, je me suis tout de même penché sur ce roman graphique au titre intrigant. Amour et mourante, étonnante contraction.

Le graphisme de Pierre Alexandrine n’est pas franchement typé, un trait relativement banal souligné de noir et des couleurs pastel. Les visages des deux principales héroïnes se confondent,  les personnages sont souvent cadrés de très près, le dessin n’est pas très fouillé mais les paysages sont parfois d’une grande beauté.

Le scénario tient bien la route sans pour autant être révolutionnaire : Louise, une jeune fille née il y a plusieurs siècles est immortelle à deux conditions, être aimée et ne pas aimer.

La BD débute de nos jours, Zayn sonne à la porte de Louise afin comprendre pour quelles raisons cette belle jeune femme ne désire pas poursuivre leur relation qui avait débuté sous les meilleurs hospices. 

Comme il s’entête à vouloir comprendre, Louise lui raconte alors son incroyable histoire. La vie de Louise pendant six cent ans, l’histoire de ses amoureux souvent transis et de ses amours contrariés. Une réflexion légère sur les relations humaines et sur la stupidité de l’homme.

L’Amourante est une bande-dessinée agréable à lire et à regarder mais elle n’est pas franchement remarquable. Disons que je l’aurai rapidement oubliée.

Les Miracles du Bazar Namiya

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À deux heures de Tokyo, dans une petite ville, des personnes déposent des lettres dans la boîte d’un bazar à l’abandon. L’adresse est connue de quelques uns. Lorsque que vous rédigez une question à Namiya le soir, vous recevez une réponse manuscrite à votre nom le lendemain matin, dans la boîte à lait à l’arrière de la boutique.

Un trio de bons à rien, sortant d’un cambriolage qui ne sait pas passé comme prévu, trouvent refuge le 12 septembre au soir dans le bazar abandonné. Et brusquement alors qu’ils s’installent pour la nuit, une lettre tombe dans la boîte à lettres, intrigant nos trois malfaiteurs. C’est là que démarre le livre de Keigo Higashino, un auteur de romans policiers japonais à succès. 

L’histoire des lettres a commencé des dizaines d’années plus tôt et le récit voyage dans le temps comme les lettres écrites par leurs auteurs qui demandent de conseil à Namiya.

Une sportive amoureuse, une future mère célibataire, un enfant désespéré, des gamins farceurs, tous reçoivent une réponse à leur demande.

Une fois encore, le roman de Keigo Higashino est écrit comme une suite de nouvelles reliées entre elles, une sorte de palindrome littéraire qui voyage de Tokyo à la petite ville de province, du présent au passé, d’un personnage à l’autre avec beaucoup d’humanité.

Le livre montre la société japonaise avec ses codes d’honneur, présente des personnes face à leurs dilemmes et aux choix de vie qu’ils feront en suivant ou non les conseils de la personne qui leur répond. Car évidemment, nos trois compères finissent par découvrir l’histoire du bazar et décident de répondre à la lettre.

Les Miracles du Bazar Namiya prend alors une tournure fantastique inattendue, mais ça vous le découvrirez uniquement en lisant ce merveilleux roman de Keigo Higashino.