L’équation de Drake

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L’équation de Drake, inventé par Frank Drake en 1961, vise à estimer le nombre de civilisations extraterrestres avec qui nous pourrions entrer en contact.

Je vais vous proposer une nouvelle version de cette formule, afin d’estimer le nombre d’extraterrestres vivant aujourd’hui sur Terre comme ceux du film Men In Black ou bien de la série V.

Commençons par la première variable d’ajustement, le nombre d’êtres humains sur Terre. Pourquoi ce nombre ? Parce que tout le monde le sais, les extraterrestres se cachent sur notre planète en prenant l’apparence de l’espèce dominante, les humains. Vous n’avez pas regardé la série Les Envahisseurs avec David Vincent ?

Donc notre première variable P est de 8,000,000,000 à la louche. Ça en fait du monde.

Mais parmi les humains, combien sont des extraterrestres ? Déjà nous devons éliminer les femmes de l’équation, les aliens ne se cachent jamais dans le corps d’une femme. C’est beaucoup trop contraignant. Il n’y a que dans des films comme La Mutante que l’on fait croire ce genre d’inepties. 

Notre seconde variable d’ajustement S est donc 1/2 car il y a autant de femmes que d’hommes sur Terre, sauf en Chine suite à la politique de l’enfant unique.

Tous les aliens restent connectés à Internet 24 heures sur 24 pour communiquer entre eux. En effet leurs pouvoirs télépathiques sont fortement perturbés par la bêtise humaine qui parasite les ondes. D’après les statistiques, environ 70% de la population mondiale possède un accès à Internet. C’est notre troisième variable I qui a la valeur 7/10.

Les extraterrestres n’écoutent pas de musique contrairement à 90% de la population, ils écoutent du rock progressif, ce qui n’est pas la même chose notez bien. Il s’agit en effet de la seule construction sonore assez complexe pour chatouiller leur intellect évolué. C’est la variable M égale à 1/10. N’oublions pas que les amateurs de rock progressif ont presque tous plus de 50 ans. Et 30% de la population mondiale a plus de 50 ans. Voici notre nouvelle variable A qui est égale à 0.3.

Les aliens sont tous francophones, car il s’agit de la langue à l’orthographe la plus difficile à maîtriser, un challenge de plus pour nos aliens exilés. C’est la variable L. Les francophones représentent seulement 4% de la population, en forte baisse depuis la fin des colonies. Quelle misère !

Les extraterrestres vivant sur terre n’espèrent qu’une chose, quitter notre planète parce qu’elle est polluée et que son atmosphère sent les produits chimiques. Nous on appelle ça la chlorophylle. Du coup ils scrutent sans cesse le ciel avec des télescopes pour surveiller l’éventuelle arrivée d’un vaisseau mère. Et les astronomes amateurs ne représentent en France que 0,07% de la population. C’est la variable O

Les aliens lisent de la science-fiction, ça les fait mourir de rire tellement les récits sont absurdes. 86% des français lisent des romans et 82% d’entre eux lisent de la SF. C’est notre variable F égale à 0.7. 

Enfin les extraterrestres qui possèdent des matériaux rares en grande quantité, vivent très au-dessus de l’humain moyen. Ils rentrent tous dans le club très fermé des 1%, c’est à dire ceux qui possèdent plus de 1,8 millions d’euros de patrimoine brut. C’est notre dernière variable d’ajustement R qui est égale à 0.01.

Voilà, nous y sommes. Le nombre d’extraterrestres N se calcule ainsi avec l’équation Drake Le Brun :

N = P x S x I x M x A x L x O x F x R 

Il existe un moyen mémo technique tout simple pour se souvenir de la formule, c’est celui-ci : Forma Slip.

Quant au résultat théorique de cette équation, N égal à dix-sept.

Oui, l’équation Drake Le Brun prédit la présence sur Terre de seulement dix-sept extraterrestres cachés au milieu des huit milliards d’autres habitants. C’est peu. Ils pourraient être les rescapés d’un crash de vaisseau spatial, mais ce ne sont que des conjectures.

Ce qui est beau, c’est que la prédiction de l’équation Drake Le Brun est confirmée par l’observation. En moyenne, le blog Neoprog.eu reçoit un petite vingtaine de visiteurs par jour. Et ce blog parle principalement de rock progressif, d’astronomie et de science-fiction. Tous ses lecteurs sont donc des aliens.

Si vous ne vous reconnaissez pas dans cet échantillon, c’est certainement à cause de la dernière variable. Celle des 1%. Mais je ne suis pas dupe. Je sais bien que vous trichez lors de votre déclaration de patrimoine…

Cosmograf – The Orphan Epoch

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D’ordinaire je tombe amoureux d’un album de Cosmograf sur deux. Ne me demandez pas pourquoi, je serais bien en peine de vous l’expliquer. Après avoir adoré Heroic Materials, je m’attendais donc naturellement à bouder son successeur, The Orphan Epoch. Mais il n’en est rien, bien au contraire. 

Le nouveau Cosmograf propose 47 minutes de musique réparties en sept morceaux. Et s’il m’a probablement séduit, c’est qu’il est très différent de son prédécesseur. 

Tout d’abord ce n’est pas un concept mais plutôt un billet d’humeur. Un appel à la désobéissance, un coup de colère.

C’est Kyle Fenton (Steve Thorn, The Arrival, MUS3), un habitué de Cosmograf, qui joue derrière les fûts, pour le reste, Robin joue de tous les instruments, sorti du saxophone de Peter Jones (Tiger Moth Tales).

La pochette n’est franchement pas vendeuse. Elle possède un petit air de Anoracknophobia avec son bonhomme gribouillé sur une route recouverte de mots dans des cadres de couleur.

Musicalement parlant, on retrouve bien sur Pink Floyd de la période The Wall avec le titre ‘We are the Young’ et ses dix minutes qui évoquent les amis d’enfance. Mais il y également des choses nettement plus rugueuses comme le titre d’ouverture où Robin durcit la voix comme jamais après une magnifique ouverture au piano façon Sheller en Solitaire pour ceux qui connaissent ou bien ce motif de guitare folk façon Alan Stivell.

Et puis il y a ‘Séraphin Reels’ qui allie des touches à la Marillion et des soli de guitares agrémentées de saxophone joué par Peter Jones. Et n’oublions pas ‘King and Lords’ au final furieusement rock.

Alors vous me direz, saxophone, guitares, Marillion, Pink Floyd, voire Bowie sur le dernier titre, tout cela ressemble furieusement à du Cosmograf. Ben oui, mais non. 

Pourquoi ? Sans doute parce que l’album n’est pas un concept, que la musique n’est pas cinématique pour une fois et qu’il arrive que les guitares remuent la boue au lieu de tutoyer les éthers.

Mais si vous voulez retrouver le Cosmosgraf que vous connaissez bien, écoutez ‘Empty Box’ qui est certainement le morceau qui se rapproche le plus de ce que l’on attendrait d’un Robin Armstrong. Du mélancolique au chant doux qui hurle sur un solo de guitare stellaire. Oui mais voilà, c’est un peu l’exception de l’album.

Je préfère l’album Heroic Materials à The Orphan Epoch, certainement parce que c’est du Cosmograf tout craché. N’empêche, le dernier Robin Armstrong est un bon cru qui nous sort un peu de notre zone de confort. Donc je vous invite vivement à aller l’écouter, par exemple sur Bandcamp.

The Rig

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The Rig est thriller enhuis-clos sur la plateforme pétrolière Kidhorn Bravo en mer du Nord. 

Une histoire à la Stephen King, souvenez-vous de The Fog ou The Thing, une série de six épisodes pour la première saison, qui débute par un inquiétant brouillard en mer du Nord suivi de perturbations radio et pannes électriques à répétition sur la plateforme.

Le forage se trouve brutalement isolé du reste du monde et soudainement le puits voisin, visible depuis Kidhorn Bravo, explose.

La série joue sur les tensions entre les personnages et les événements étranges qui se produisent sur cette plateforme battue par la mer où le danger est permanent. 

Des blessés récupèrent mystérieusement de graves traumatismes, certains membres d’équipage rêvent d’un tsunami dévastateur, une végétation tropicale envahit dans la section technique, des containers non répertoriés scellés sont entreposés dans le stock et un des rares survivants de l’autre puits tente de prendre le contrôle de Kidhorn Bravo.

Je vais attaquer la deuxième saison alors que la plateforme vient enfin d’être évacuée par ces hélicoptères tant attendus durant six épisodes. Mais vont-ils rejoindre enfin la terre ferme ?

I wanna live in America

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Après un voyage en Bretagne suivi de plusieurs jours de pluies diluviennes, j’étais en manque de ciel étoilé. Une fenêtre incertaine s’ouvrait le dimanche soir, incertaine car jusqu’à dix-neuf heures les averses arrosaient encore l’Alsace sous de fortes rafales. Mais depuis trois jours les modèles météorologiques votaient pour un ciel clair sans vent à partir de vingt-deux heures. Hélas la Lune était presque pleine, c’était le week-end de On The Moon again. Elle n’était pas très haute dans le ciel mais pour la photo, c’est toujours un problème.

Qu’importe, confiant en ma bonne étoile, j’ai chargé la voiture avec le télescope et la lunette et emmené mon petit dernier, de passage à Strasbourg pour un mariage, à mille mètres d’altitude et quatre degrés Celsius pour observer les étoiles.

Arrivés là haut vers vingt-une heure, je n’en menais pas large. Le ciel était encore bien chargé et le vent qui soufflait d’ouest risquait de compromettre la soirée. La météo disposait encore de deux bonnes heures pour corriger le tir avant que je commence les photos.

Nous avons tranquillement installé le télescope pour observer la Lune encore cachée par d’épais cumulus puis j’ai mis en place la lunette pour la session photo. Ce soir là j’étrennais pour la première fois le filtre Triband sur la lunette. Il devait m’aider à oublier la luminosité de notre satellite.

J’avais prévu de refaire la nébuleuse América déjà photographiée avec mon appareil photo l’été dernier. Cette fois j’utilisais une caméra, un filtre et la lunette. Même avec la pleine lune j’espérais faire mieux.

En parlant de la Lune, notre satellite commençait à sortir des nuages, alors j’ai chargé mon garçon de la pointer au télescope pendant que je discutais avec deux membres de l’association montés malgré la météo incertaine. Des visiteurs, venus passer une nuit romantique dans leur mini van, sont venus jeter un œil à l’oculaire et parler astronomie. À notre manière nous avions contribué à l’évènement On the Moon Again, presque malgré nous. Il y a toujours des curieux au Champ du Feu.

Le vent s’est calmé, les nuages se sont dispersés et la Lune est montée dans le ciel. Avec une atmosphère très humide et chargée en poussières venues des incendies canadiens, sa lumière créait un voile blanchâtre qui masquait les étoiles. On ne verrait pas la Voie Lactée ce soir mais avec le filtre Triband je pourrais quand même photographier ma nébuleuse.

Une fois la lunette correctement mise en station et calibrée, j’ai pointé la constellation du Cygne, près de Deneb où s’étend le vaste nuage de la nébuleuse NGC 7000 dite America ou cou du pélican à cause de sa forme très particulière. 

Entre la qualité très moyenne du ciel et le filtre gourmand en lumière j’ai dû pousser le temps de pause. Un premier essai à 300 secondes, un second à 600 pour finalement revenir à la première valeur. Car en dix minutes, bien des choses peuvent se produire comme le passage de satellites ou un problème technique qui me ferait perdre une image perdre et autant de temps de photographie.

Après quelques derniers réglages, j’ai laissé la lunette travailler comme une grande, retournant au télescope pour observer à nouveau la Lune puis la nébuleuse de la Lyre et l’amas d’Hercule. Rien de bien exotique mais je connais très mal mon ciel.

Mon fils, fatigué et frigorifié, s’est réfugié dans la voiture. Je l’avais prévenu pourtant. L’astronomie c’est vivifiant. Moi, protégé par trois couches de vêtements, j’ai continué à observer et surveiller mon setup, qui pour une fois, a fonctionné comme une horloge, sans doute grâce au nouvel équilibrage de la lunette. Au bout de deux heures trente de photo, j’ai eu quand même pitié de mon fils et j’ai remballé tout le matériel.

Christophe était rentré depuis longtemps et Antoine s’acharnait encore sur la nébuleuse du croissant avec son objectif Samyang 135 f2. Il repartira avec quatre heures trente d’images et une magnifique photographie.

Rentré à 3h30, j’étais debout devant l’ordinateur six heures plus tard pour regarder mon travail de la nuit. 30 images, aucun rejet soit deux heures trente de photographie. Le résultat était nettement différent du premier essai. Mais je n’arrive pas encore à décider laquelle des deux photos je préfère.

Mostly Autumn – Seawater

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Je sais, je sais, j’avais écrit que je ne chroniquerai pas le dernier album de Mostly Autumn. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

J’ai été les écouter en concert Chez Paulette, et ça été une belle soirée. Alors, un soir, je me suis replongé dans cet album qui m’avait laissé relativement indifférent, et j’ai aimé ce que j’ai écouté. Alors aujourd’hui, j’ai finalement décidé de vous présenter Seawater.

L’album dure plus d’une heure et quart avec dix morceaux dont le dernier, ‘Seawater’, qui approche les vingt minutes.

Mostly Autumn oscille entre prog symphonique et musique folk ce qui suffit à justifier la présence de Troy Donockley (Nightwish) sur les deux premiers titres de l’album, ‘Let’s Take a Walk’ et ‘Why Do Remember All the Rain’.

L’album s’ouvre et se conclut par des chants d’oiseaux, et entre les deux, parle de nostalgie (‘My Home’) et colère (‘Seawater’).

Je ne suis pas forcément fan du timbre d’Olivia lorsqu’elle pousse ses cordes vocales dans ses retranchements comme dans ‘If Only for a Day’, cependant il faut reconnaître qu’en live elle fait vraiment bien le job. Je me demande même si je ne la préfère pas en concert, sans tous les artifices de l’enregistrement studio.

Les guitares de Bryan et de Chris sont la clé de voûte de Mostly Autumn et les claviers de Iain les piliers du groupe. La batterie est sans doute leur point faible. On ne peut pas dire qu’elle brille par son côté progressif. Elle sonne clairement plus comme les musiques de fêtes foraines, écoutez ‘When We Ran’ pour vous en convaincre. Disons que je n’aime pas.

Comme dit plus haut, Seawater navigue entre ballades folk comme ‘Let’s Take a Walk’ et prog symphonique à la manière de ‘Seawater’ sur le duo vocal que forment Olivia et Bryan.

Si l’album dure plus de soixante quinze minutes tout de même, je ne lui ai pas trouvé de longueurs et il m’est arrivé de l’écouter trois fois d’affilée dans la même après-midi. Le dernier morceau ‘Seawater’, du haut des ses vingt minutes, est bien entendu le point d’orgue de l’album. Déjà sa durée en fait une pièce d’exception, ensuite, il s’agit d’un titre avec de grandes sections instrumentales et soli de guitares à tomber par terre. Enfin il y a le texte qui nous parle d’une vague géante qui engloutit toutes les misérables créations humaines sur cette Terre pour la purifier de notre espèce qui n’a pas su saisir sa chance lorsqu’il était encore temps.

Malgré quelques défauts, qui ne gênent peut-être que moi (le chant et la batterie), Seawater est un album dont je suis finalement tombé amoureux à force de l’écouter, à tel point que je regrette de ne pas l’avoir acheté en édition physique lors du concert de Mostly Autumn Chez Paulette. Parfois, pour rentrer dans certains albums, un certain temps est nécessaire.

La Maison des Jeux

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C’est un petit livre de poche d’un peu plus de 150 pages qui a attiré mon regard alors que je peinais sur un roman de science-fiction plus conséquent : le premier tome de La Maison des Jeux de Claire North. 

Le roman parle d’un jeu où le but est de faire élire un puissant personnage de la cité vénitienne. 

Thene est une femme juive mal mariée à un flambeur qui dilapide chaque nuit toute sa fortune à la Maison des Jeux. Elle l’accompagne lors de ses nuits de débauche jusqu’à ce qu’un jour, on lui propose de rejoindre la Haute Loge de la Maison des Jeux. Un lieu caché derrière une porte fermée où l’enjeu des parties disputées dépassent le simple gain pécuniaire.

Nous sommes en 1610 à Venise et le haut magistrat vient de mourir. Quatre hommes sont en lisse pour prendre le poste. Des élections ne vont pas tarder. Mais c’est une partie organisée par la Maison des Jeux qui décidera du vainqueur. 

Thene rejoint la partie qui désignera le futur vainqueur. Le joueur gagnant pourra entrer dans la Haute Loge de la Maison des Jeux. 

Dès le premières phrases du roman, j’ai été subjugué par le style et la plume très particulière de Claire North. L’histoire est racontée par de mystérieux personnages qui observent à distance les jeux de pouvoir sans intervenir, qui suivent Thene dans les rues de Venise, ajoutant à l’intrigue une touche de mystère à un roman hors du temps. 

Le lecteur caché sous un masque blanc, plongé dans le roman, franchit des ponts, navigue sur les canaux sales de la cité lacustre, marche dans les couloirs des palais vénitiens, coure dans les rues bondées en journée, vérifie sans cesse qu’il n’est pas suivi, complote et tente d’échapper à la mort.

De nombreux personnages se croisent en peu de pages, les candidats, les joueurs et les cartes jouées par les participants. 

J’avoue m’être un peu perdu sans que cela n’altère pour autant mon plaisir lors de la lecture du roman. Mais maintenant que j’ai terminé le premier tome, je me demande si j’irai plus loin dans cet univers.

Pour l’instant, je vais essayer de terminer La Guerre des Captifs de James S.A. Corey qui peine à me convaincre.

Retrouvailles

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Lorsque j’étais adolescent, j’avais deux amis rencontrés autour de passions communes, l’astronomie, la Bretagne et la bibine. 

Malgré les années, la distance et les aléas de la vie, nous ne nous sommes pas perdus de vue, nous retrouvant au hasard d’un déplacement à Toulouse ou en Bretagne. 

Toutefois, nous ne nous étions pas revu tous les trois ensembles depuis de bien longues années. Et c’est Fab le toulousain qui a eu l’idée de ces retrouvailles en terres de Bretagne. Après qu’il ait trouvé un week-end qui convenait à tout le monde, un gîte dans un joli coin, j’ai pris mes billets de TGV Strasbourg-Rennes et j’ai préparé la valise.

C’était parti pour un long week-end entre mecs, mais sans alcool, sans filles et au régime car quarante-cinq années plus tard, nos corps d’adolescents avaient pris quelques rides et kilos.

Fab allait nous parler pré-histoire, Fanch d’histoire et moi d’astronomie probablement. Bref nous allions radoter.

Mais tout d’abord il fallait affronter près de 5h de train, et je déteste le train, je déteste voyager en fait. Heureusement que Fab venait me chercher à Rennes, m’épargnant une heure supplémentaire de transport ferroviaire jusque Saint-Malo.

À peine installés, après d’émouvantes retrouvailles – nous ne nous étions pas vus depuis des années tous les trois ensembles – nous avons investi le gîte au bord de la Rance et commencé les promenades. Trois jours durant nous avons peu dormi, roulé en voiture électrique, marché beaucoup, discuté énormément et mangé des crêpes, du far et des galettes saucisses.

Dinan, Dol de Bretagne, Saint-Cast, la Rance, la pointe du Groin, de menhirs en châteaux, de bord de bord de mer en campagne, nous avons écumé le pays gallo et ses merveilles. Nous avons également retrouvé nos joutes verbales intactes, comme si nous nous étions séparés quelques jours plus tôt. 

Certes nous avions vieilli et aux conversations archéologiques et pseudo philosophiques, nous avons ajouté nos problèmes de santé et ceux de nos enfants. Nos épouses ont vaguement été évoquées ici ou là, mais voilà, c’était un week-end de mecs, alors elles ont été un peu oubliées.

Ces trois jours ont passé trop vite malgré des levers matinaux et des couchers tardifs. Cependant, entre le manque de sommeil et une alimentation hasardeuse, nos organismes fatigués n’auraient probablement pas résisté très longtemps à ce traitement. Le dimanche matin Fab est reparti vers Toulouse, moi j’ai joué les prolongations à Lamballe avec Fanch avant de reprendre le train lundi matin vers Rennes puis Strasbourg, comatant dans les sièges peu confortables du TER puis du TGV.

Entre Lamballe et Strasbourg, j’avais plus de cinq heures d’attente à Rennes (oui j’avais bien mal organisé mon retour, la faute à un week-end très chargé en voyageurs). 

La ville de Rennes où j’ai vécu quatre ans, pendant mes études scientifiques. C’était pour moi l’occasion d’un pèlerinage au Colombier, le long des quais, sur la place du Parlement de Bretagne, chez Burger King, devant un cinéma désaffecté ou bien à l’entrée de la boîte de mes nuits de débauche. J’ai probablement fantasmé cette ville, contrairement à l’amitié de Fanch et Fab. Au bout d’une heure et demie, j’avais terminé un assez terne pèlerinage. Il me restait trois heures trente à patienter en gare.

Il se pourrait que nous renouvelions cette réunion d’anciens combattants chaque année, car il serait bien agréable de retrouver mes amis d’adolescence pour de nouvelles aventures. Nous verrons ce qu’en pensent nos épouses délaissées le temps d’un long week-end.

Les trois poubelles

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Je suis resté pendant deux heures en face de trois poubelles de tri sélectif en gare de Rennes. Vous me direz, il y a des manières plus palpitantes pour passer son temps. Mais voilà j’attendais mon TGV pour rentrer à Strasbourg et je trimbalais une valise trop encombrante pour faire du shopping ou du tourisme.

Mais revenons aux trois poubelles : une poubelle marron pour les bio déchets, symbolisés par un trognon de pomme, une peau de banane et un morceau de pain, une poubelle jaune pour les matériaux recyclables, symbolisée par un journal, une bouteille, une boîte en carton et une canette, et enfin une poubelle grise où était marqué « le reste ici » avec le dessin d’une poubelle.

Presque à chaque fois, les voyageurs ayant des déchets à jeter, s’approchaient des conteneurs en les observant de manière dubitative. Et probablement pris d’un doute, deux fois sur trois, ils remplissaient la poubelle grise, celle des matières non recyclables et non bio dégradables. Bouteilles, sacs plastique, canettes, restes de sandwich, fruits, tout terminait dans la poubelle grise. La poubelle jaune était presque vide, la marron immaculée.

Les gens n’avaient-ils pas vu les pictogrammes ? Ils n’arrivaient pas à associer leurs déchets avec les dessins ? Ou bien n’avaient-ils pas compris le principe du tri sélectif ? Les pictogrammes étaient-ils trop obscurs ? Les voyageurs étaient-ils trop pressés ? N’en avaient-ils rien à foutre ? Deux français sur trois seraient-ils de gros porcs ?

Souvent l’humanité me désespère mais c’est en écrivant ces lignes pleines de fiel que je réalise que je bois dans une bouteille plastique alors que mon voisin dans le wagon qui nous ramène à Strasbourg, boit dans une gourde en métal. Même si je recycle mes déchets le mieux possible, je continue de contribuer à leur production…

La nuit au musée

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Une fois par an, le week-end, les musées ouvrent leurs portes la nuit, pour des visites exceptionnelles. Ici pas de Ben Stiller en gardien ou de statues qui reprennent vie, juste une invitation à redécouvrir gratuitement ces lieux culturels. 

Cette année mon épouse penchait pour une visite au musée d’art moderne qui possède une belle collection de peintures contemporaines. J’aurai également penché pour son choix, malgré une petite préférence pour le musée de l’œuvre Notre Dame, mais le destin en a décidé tout autrement. 

L’Orchestre Le Bon Tempérament jouait pour l’occasion au Palais Rohan lors de cette nuit exceptionnelle. Et il cherchait un photographe pour immortaliser le concert. 

J’avais déjà couvert un de leurs concerts et c’est Sarah, la flûtiste de Toïtoïtoï, qui joue également dans l’orchestre, qui m’a sollicité, un peu à l’arrache certes, mais sollicité quand même. Et ça fait toujours plaisir qu’on se souvienne du photographe du concert. Cela signifie que soit, ils n’ont trouvé personne d’autre, soit que mon travail n’était pas si mauvais que ça finalement. Je ne préfère pas savoir quelle est la bonne réponse.

Le Palais Rohan construit au 18eme siècle abrite trois musées dont celui des beaux-arts. Des vastes pièces en enfilade avec de hauts plafonds, décorées de tableaux et meublés façon 18eme. Autant l’avouer tout de suite, photographier des musiciens dans un tel cadre me faisait très envie. 

Me voilà donc parti avec mon barda vers 16h30 pour rejoindre le Palais Rohan à pied et en tram. C’était sans compter sur les footeux qui organisaient leur nuit au musée sur la place d’Austerlitz dans un grand foutoir de fumée, fusées, déguisements, gueulantes et bières. À ce qu’il paraît le Racing a perdu. Bien fait ! Ils n’avaient qu’à pas emmerder le monde. Je suis quand même arrivé à l’heure au rendez-vous en empruntant des chemins de traverses.

Mais voilà, mes rêves de belles salles classiques tombèrent à l’eau en arrivant sur place. L’orchestre allait jouer dans la cour, pas dans la salle de bal avec ses tableaux ou dans la bibliothèque. 

La photographie de spectacle en extérieur, ce n’est pas vraiment mon fort. Le bon côté, c’est que je disposais d’un laissé passer pour circuler librement à peu près partout, des terrasses jusqu’aux salles d’exposition. Et je vous assure, admirer la cathédrale de Strasbourg de nuit du haut de la terrasse du Palais Rohan, ça vaut le détour.

Il y avait cinq animations musicales au Palais Rohan. Un ensemble de cuivres sur la terrasse, l’orchestre dans la cour, un premier ensemble de musique de chambre dans la bibliothèque, un second à l’entrée du musée archéologique et une harpiste dans le salon de musique du musée des beaux-arts. Autant dire que lorsqu’un ensemble terminait de jouer, il fallait se dépêcher pour aller photographier le suivant. 

Je suis habitué à photographier en salle avec des projecteurs, pas aux extérieurs en plein soleil, sauf lorsque je fais du paysage. Mes premières images n’ont pas donné grand-chose, mais vers 21h, lorsque le soleil s’est couché derrière la cathédrale, j’ai commencé à trouver mes marques.

Dans la cour, quatre projecteurs bleus léchaient la façade du Palais Rohan, deux rampes de lumières en terrasse arrosaient la cour, plusieurs lanternes éclairaient les portes et chacun des pupitre des musiciens disposaient d’un lampe LED. Cela suffisait amplement pour jouer avec les lumières et pour éclairer les visages. C’est là que j’ai commencé à réaliser des clichés intéressants.

Les ensembles jouaient à plusieurs reprises dans la soirée, de 19h à 23h, tant et si bien que je savais à quoi m’attendre après un premier tour de chauffe et j’ai pu trouver les bons spots comme ce point de vue plongeant sur l’orchestre du haut de la terrasse. 

Pour une fois j’ai principalement fais des plans de groupe plutôt que des portraits serrés sur les musiciens. Déjà je ne voulais pas gêner les artistes et les spectateurs en leur imposant ma silhouette dans le paysage, ensuite, je me connais, je me serais certainement concentré sur trois ou quatre personnes qui accrochent mieux l’objectif.

L’orchestre présentait au public venu nombreux, des extraits de son répertoire composé de tubes de musique classique. Un orchestre amateur certes mais formé de nombreux élèves du conservatoire qui possèdent déjà un niveau quasi professionnel. Il y avait également un quatuor qui jouait des musiques de films, hélas très mal placé, au bas des escaliers descendant au musée archéologique et face aux toilettes. Dans la bibliothèque du palais jouait un autre quatuor que je n’ai pas eu la chance d’écouter ni photographier, des musiciens aguerris comprenant la première violoniste de l’orchestre. Les cuivres, installés sur le toit sonnaient toutes les heures la marseillaise pour battre le rappel des visiteurs. Ils jouaient également d’autres pièces, mais difficile de les citer ici, je ne connais guère le répertoire des cuivres. Enfin il y avait cette jeune harpiste aussi talentueuse que timide qui livrait un délicieux récital de harpe dans le salon de musique. Les visiteurs, parcourant les salons du palais, s’arrêtaient tous, subjugués par la beauté de la musique et du lieu.

Je suis revenu à la maison vers 23h30 avec un peu plus de deux cents photos et une faim de loup (j’avais oublié de manger). Après un tri sévère, même s’il n’y a pas eu de déchet, je n’ai conservé que 33 images, le ratio habituel lors d’un concert.